Les chats sans abris en France

Source : One Voice

Nous vous invitons à lire l'excellent rapport d'enquête publié par One Voice  Les sans-abris du peuple chat dont sont extraites les informations qui suivent.



Cette enquête présente un état des lieux clair mais dramatique sur la situation des chats errants en France, mais propose aussi des pistes de réflexions et des solutions.

Des chiffres et un constat qui donnent le vertige :


  • 10,7 millions de chats errants sur notre territoire (chiffres de 2011), soit plus que le nombre de chats vivants en foyer (environ 8 millions). Ce chiffre reste très approximatif : "Les structures contactées lors de notre enquête ont confirmé qu’il était quasi impossible de faire un chiffrage avec précision, même au niveau d’un secteur. Les chats trappés, stérilisés et tatoués que chaque structure recense sont loin d’être représentatifs du nombre total. Certaines structures avancent que pour 10 chats recensés, 10 autres ne le seraient pas, soit parce qu’il s’agit de nouveaux arrivants, soit parce qu’ils se cachent et ne se montrent pratiquement jamais." (Les sans-abris du peuple chat, page 5).

  • 70% des chats sans famille sont capturés et euthanasiés : des centaines de milliers de chats sont abattus chaque année en France. 


  • Une situation identique à la ville comme à la campagne : "Dans ces différents environnements, la situation pour les chats sans abri est plus ou moins identique. Ils ont de grandes difficultés à trouver un refuge, un lieu de repos et de tranquillité adapté. Ils ont également toutes les peines à se nourrir, sauf ceux qui ont la chance d’être pris en charge par les bénévoles des associations. Leur situation sanitaire est d’ailleurs aussi déplorable à la ville qu’à la campagne. Partout, ce sont des animaux en détresse que notre enquêteur a pu observer, bien loin de l’image du chat « libre » qui circule dans l’inconscient collectif" (page 6).

  • 9 fois sur 10 le chat est abandonné : "Avant de se retrouver à la rue ou dans la nature, le chat sans abri vivait une existence d’animal de compagnie dans un foyer, avec un propriétaire qui était censé en prendre soin et le protéger (Article 4 de la Convention européenne pour la protection des animaux de compagnie du 13 novembre 1987, (page 7)).



  • Une prolifération incontrôlée : "Les chats abandonnés vont, comme tout être vivant, se reproduire. Leur nature veut qu’une femelle puisse mettre bas dès l’âge de 4 mois. Chaque année, elle peut donner naissance à au moins deux portées de 5-6 chatons. Le calcul est aisé à faire : une chatte vivant six ans dans la rue (l’âge de vie moyen constaté) peut dans l’absolu donner naissance, à elle seule, à une soixantaine de chats environ..." (page 8).
 
  • Des conditions de vies dramatiques et indignes : "Penser qu’un chat domestique livré à lui-même saura «se débrouiller seul» et qu’il redeviendra «libre et sauvage» est un leurre (cf. 3. Un animal méconnu, des comportements mal interprétés). Les propriétaires qui délaissent leur animal aiment s’en persuader. L’enquête menée par One Voice démontre tout le contraire.
    Abandonnés la plupart du temps sur la base de préjugés trompeurs, les chats vivant autrefois dans un bon foyer sont condamnés à l’errance et à une vie misérable. Faim, maladie, peur, stress, violences... et mort prématurée, tel est le triste sort qui les attend ainsi que leur descendance.
    En les approchant de près, de jour comme de nuit, nous avons pu constater que les animaux rencontrés n’ont plus rien de nos chats de compagnie joueurs, chasseurs, observateurs, curieux, bien nourris...
    Ils vivent la peur au ventre avec pour seul objectif de la journée la recherche de nourriture et une cache pour se réfugier.
    Autre constat, les chats, considérés par la majorité des Français comme leur animal de compagnie préféré, sont de véritables souffre-douleur pour la société. Ils sont l’objet d’actes de violence, pour ne pas dire de barbarie, de la part des adultes mais aussi des enfants."
    (page 9).



  • Des animaux en détresse : "La détresse des chats sans abri est une caractéristique commune quel que soit l’environnement dans lequel le chat évolue.
    Pratiquement tous les animaux rencontrés montrent des signes de tristesse, de stress, de peur. Toujours sur la défensive, ils passent leur temps prostrés à n’attendre rien d’autre que l’hypothétique repas du jour. Leur principale préoccupation semblant être leur survie.
    (page 10-11).

  • Exposé à de nombreuses maladies : "Le chat sans abri est très fortement exposé aux différentes maladies qu’il peut contracter, plus ou moins facilement, en raison de ses conditions de vie et d’un certain nombre de paramètres." (page 11).



  • Victimes de la cruauté humaine : "Les chats sans abri sont à la merci de tout et de tous. Et l’être humain n’est pas, en la matière, le moindre des dangers auxquels ils ont à faire face." "Pour s’en débarrasser, l’être humain n’a pas d’autre limite à sa cruauté que son imagination (cf. encadré*). Même les enfants font montre d’une barbarie insoupçonnée. Les associations interrogées ont raconté nombre d’histoires de maltraitance à peine croyables (cf. Annexe III*)." (page 12).

  • Une espérance de vie réduite : "Les conditions de vie auxquelles sont soumis les chats abandonnés ont un impact non négligeable sur la durée de vie des animaux. Alors qu’en moyenne un chat domestique vivant normalement peut atteindre les 12-15 ans, tout le monde s’accorde à dire que l’espérance de vie d’un chat sans abri est divisée par deux. Parfois celle-ci ne dépasse pas les 5-6 ans en raison des risques de maladies, du milieu non adapté, de la malnutrition, des accidents, des actes de barbarie, etc. Toutes les structures questionnées sur le sujet reconnaissent qu’il est assez rare de voir un animal âgé." (page 13).



  • Un animal méconnu, des comportements mal interprétés : "Compagnon de l’homme depuis une dizaine de millénaires, le chat demeure néanmoins l’animal domestique le plus méconnu. Aujourd’hui encore, le félidé pâtit des préjugés qui le diabolisent depuis le Moyen Âge. Après des années de compagnonnage, son comportement paradoxal déroute toujours autant les hommes. Il fait surtout l’objet de contresens qui les jettent par millions à la rue.
    Car si le chat est autonome, insoumis, déterminé et insaisissable, il est aussi un être affectueux, sensible, constant, qui dépend des humains pour son bien-être."
    (page 14).

  • Les solutions pour une cohabitation paisible : "Si aucune mesure n’est prise, le problème des chats sans abri risque non seulement de perdurer, mais surtout de s’amplifier. Les structures d’accueil et de protection des chats sont au maximum de leurs capacités et ne disposent pas des moyens nécessaires pour faire plus. Les mesures radicales envisagées actuellement, telles que la capture et l’euthanasie massives, n’offrent pas une solution pérenne et ne sont pas dignes de l’histoire qui nous lie à cet animal de compagnie.
    Il existe pourtant des solutions. La stérilisation est une mesure simple et efficace. Certaines expériences pour renouer une cohabitation paisible avec les chats ont aussi été mises en œuvre avec succès. Elles sont un premier pas prometteur. One Voice propose d’aborder le problème dans sa globalité avec le projet «Chatipi». Celui-ci permettrait non seulement aux chats sans abri de devenir de véritables « chats libres » mais aussi de les réhabiliter auprès des humains en plaçant l’éducation et l’information au cœur du projet."
    (page 19).



* : voir le rapport d'enquête : Les sans-abris du peuple chat

Autre rapport de One Voice sur le sujet : La protection des chats en France